Ce que dit réellement la loi sur la garde d’animaux à domicile : cadre, responsabilités et réalités

19 août 2025

Comprendre le paysage légal de la garde d’animaux à domicile

La garde d’animaux à domicile – appelée aussi petsitting – a trouvé sa place dans de nombreux foyers français. Si ce service séduit de plus en plus de propriétaires d’animaux, il soulève régulièrement des questions : Y a-t-il une réglementation spécifique ? Faut-il une autorisation ou une formation ? Quelles sont les responsabilités encourues ? Dans cet article, nous allons détailler les repères indispensables pour offrir ou choisir une garde sécurisée et conforme.

Statut juridique et professionnel du pet sitter : freelance, particulier, ou entreprise ?

En France, la garde d’animaux à domicile reste encore majoritairement exercée par des particuliers ou des auto-entrepreneurs. Plusieurs statuts coexistent, et il est important de distinguer :

  • Le particulier occasionnel : il s’agit par exemple d’un étudiant qui rend service à des voisins. Cette activité est autorisée tant qu'elle reste occasionnelle et non professionnelle.
  • L’auto-entrepreneur (micro-entreprise) : solution de loin la plus répandue. Elle permet d’exercer légalement en déclarant son chiffre d’affaires, de cotiser, et d’adhérer à un code NAF adapté (96.09Z – Autres services personnels n.c.a.).
  • Entreprise déclarée (SASU, SARL, etc.) : certains se lancent à plus grande échelle, constituant une société pour salarier d’autres pet sitters.

À noter : prendre régulièrement soin d’animaux contre rémunération, sans statut déclaré, expose à des sanctions pour « travail dissimulé » (Service Public). En 2022, l’Urssaf a rappelé que toute rémunération perçue même via une plateforme de services devait être déclarée.

Existe-t-il un diplôme ou une formation obligatoire pour garder des animaux à domicile ?

Pour accueillir des animaux dans un établissement (pension, refuge, élevage), la réglementation française impose le Certificat de capacité animaux domestiques (CCAD, devenu ACACED en 2016). Mais la garde à domicile du chien ou du chat chez le propriétaire est, à ce jour, hors du champ de l’ACACED : il n’existe pas d’obligation légale de diplôme pour être pet sitter à domicile.

Cependant, certaines plateformes ou agences imposent à leurs intervenants de suivre des modules d’animal care, et il existe de vraies formations professionnelles en ligne ou en présentiel (ex. : Wamiz Education, Ifsa, CNF Pro). La qualité de service s’en trouve renforcée, et les assureurs exigent parfois ces formations pour la prise en charge des risques.

  • 1 pet sitter sur 5 a suivi une formation reconnue, selon une étude Pet Alert 2023.
  • Plus de 2000 personnes reçoivent chaque année l’ACACED (source : Ministère de l’Agriculture).

Obligations légales et responsabilités civiles

Respect de l’animal : code rural et droit du propriétaire

Même si aucun diplôme n’est exigé à domicile, le pet sitter doit respecter le Code rural (notamment l’Article L214-1 sur la protection du bien-être animal). Il s’agit notamment de :

  • Assurer eau, alimentation et besoins physiologiques
  • Prévenir la maltraitance physique ou psychologique
  • Savoir agir en cas de blessure ou maladie

Le non-respect de ces obligations peut conduire à des sanctions pénales, même pour un service occasionnel (jusqu'à 2 ans de prison et 30 000€ d’amende, Légifrance).

Assurances : une sécurité obligatoire ?

La question de l’assurance est centrale.

  • Responsabilité civile professionnelle : non obligatoire légalement pour les pet sitters, mais vivement conseillée. Elle couvre les dégâts causés par l’animal sous garde (ex. : morsure, accident dans l’immeuble, bris d’objet du voisin, etc.)
  • Assurance multirisque habitation du propriétaire : peut contenir une extension « garde confiée », mais à vérifier car la clause « usage professionnel » peut exclure tout incident survenu durant une garde rémunérée.
  • Plateformes de petsitting : certaines incluent automatiquement une assurance dans leurs forfaits, couvrant à la fois l’animal, le pet sitter, et parfois même le logement.

À savoir : en 2021, près de 40 % des déclarations de sinistres liées à la garde d’animaux à domicile concernaient des dégâts matériels (source : MMA Assurance). Prendre soin d’obtenir un justificatif avant toute mission est donc judicieux tant pour les propriétaires que pour les gardiens.

Réglementation sanitaire, identification et questions de santé publique

Identification et vaccination des animaux confiés

La loi française (Article L212-10 du Code Rural) exige que tout chien ou chat cédé, vendu ou confié à un tiers soit identifié (puce ou tatouage). La responsabilité de vérifier cette conformité incombe tant au propriétaire qu’au pet sitter. Pour les vaccinations, il n’existe pas d’obligation générale pour la garde à domicile, mais exiger au minimum un carnet de santé à jour est une bonne pratique.

  • Moins de 60 % des chats sont identifiés en France selon I-CAD, contre plus de 95 % des chiens

Loi et animaux dangereux ou réglementés

Détenir ou promener un chien de catégories 1 ou 2 (chiens dits dangereux) pour un tiers impose des règles spécifiques : le pet sitter doit s’assurer que le propriétaire a bien réalisé les démarches (déclaration en mairie, assurance spécifique, permis de détention). Une simple promenade sans autorisation peut entraîner une amende forfaitaire de 750 € (article R211-5-3 du Code Rural).

La garde d’animaux exotiques, nouveaux animaux de compagnie (NAC), serpents, furets, etc. dépend d'autorisations accrues voire d'un certificat de capacité. Se renseigner auprès de la préfecture est recommandé pour tout contrat impliquant ce type de pension.

Déclaration et fiscalité : la rémunération du pet sitter est-elle imposable ?

Tout revenu tiré de la garde d’animaux à domicile, même pour « dépanner », doit être déclaré. Les revenus sont soumis soit au prélèvement libératoire (pour les auto-entrepreneurs, en micro-BNC), soit à l’impôt sur le revenu comme petits services entre particuliers. À partir de 2023, les plateformes telles que Rover, Yoopies ou Animaute signalent automatiquement les gains à l’administration fiscale (impots.gouv.fr).

  • Le seuil de franchise de revenus pour les services entre particuliers est fixé à 305 €/an.
  • Au-delà, la déclaration devient impérative.

Et le chèque emploi service universel (CESU)?

Le recours au CESU pour payer un pet sitter peut être envisagé, mais la légalité de ce procédé reste sujette à interprétation car la garde d’animaux n’est pas explicitement listée parmi les services à la personne ouvrant droit à CESU. Il existe toutefois une tolérance pour la garde au domicile du propriétaire.

Zoom sur les bonnes pratiques et les évolutions du métier

La garde d’animaux à domicile évolue rapidement. De plus en plus de particuliers se professionnalisent, suivent des formations de premiers secours canins, se dotent de contrats écrits et proposent des visites préparatoires pour rassurer le propriétaire. Quelques points clefs à retenir pour une garde conforme et rassurante :

  • Signer un contrat avec la description précise de la mission, des horaires, des soins attendus
  • Obtenir du propriétaire l’autorisation écrite de faire soigner l’animal, si besoin, chez un vétérinaire désigné
  • Vérifier l’identification, les vaccins, l’assurance du logement ou du pet sitter
  • Favoriser une rencontre préalable, surtout pour les animaux à besoins particuliers

Selon la Fédération française des prestataires de services animaliers (FFPSA), plus de 25 000 pet sitters exercent aujourd’hui en France, dont près de 60 % déclarés professionnellement. Le secteur devrait continuer de se structurer à mesure que la reconnaissance du métier progresse et que les attentes des propriétaires s’aiguisent.

Vers davantage d’encadrement ? Les attentes et les pistes d’évolution

En l’absence de cadre strict, la vigilance de chacun prime. Toutefois, la question d’un encadrement renforcé revient fréquemment : plusieurs associations professionnelles demandent la création d’un agrément ou d’un registre officiel, voire l’obligation de formation à court terme, à l’image de ce qui existe pour la promenade en meute aux États-Unis ou en Belgique. Depuis 2021, la Mission Animaux du ministère de l’Agriculture mène une réflexion sur les métiers de la relation homme-animal, et la garde à domicile pourrait prochainement faire l’objet de recommandations officielles.

En attendant d’éventuelles évolutions, le bon sens, l’honnêteté et la transparence dans la relation propriétaire-pet sitter restent vos meilleurs alliés. Que vous cherchiez à confier votre animal ou à devenir pet sitter, connaître ces repères est déjà la première étape vers une garde sereine et dans les règles.

En savoir plus à ce sujet :