Le métier de pet sitter est-il accessible sans avoir eu d’animal ?

28 juin 2025

Un métier en pleine structuration, ouvert aux profils variés

Depuis quelques années, le pet sitting s’impose progressivement comme une solution de confiance pour la garde d’animaux de compagnie. On estime qu’en France, plus de 67% des foyers possèdent au moins un animal (source : Facco/Kantar 2022), et la demande en pet sitters fiables ne cesse de croître. Face à ce besoin, une question revient régulièrement : faut-il nécessairement avoir déjà eu un animal pour devenir pet sitter ?

Le secteur, à ce jour, n’impose aucun prérequis officiel lié à la détention préalable d’animaux. Aucune loi n’exige d’avoir été maître soi-même pour proposer ses services de garde. Cependant, il existe des attentes précises – du côté des familles, mais aussi des plateformes et des employeurs – sur les compétences, la posture, et la capacité à s’adapter à différents profils d’animaux.

Expérience personnelle d’animal : un atout, mais pas une obligation

L’expérience personnelle avec un animal joue indéniablement en faveur d’un candidat au pet sitting. Elle permet notamment une meilleure compréhension des besoins quotidiens, des comportements et des éventuelles urgences. Toutefois, ce n’est pas une condition sine qua non.

Prenons l’exemple du baby-sitting : avoir soi-même des frères et sœurs ou des enfants n’est pas requis pour garder ceux des autres, même si cela peut rassurer. Il en va de même pour les animaux. Posséder un animal apporte un certain bagage, mais le manque d’expérience personnelle peut s’équilibrer autrement.

  • Des qualités d’observation : savoir repérer rapidement un comportement inhabituel, un signe de stress ou de maladie.
  • De l’empathie et de la patience : chaque animal est unique et demande une adaptation permanente.
  • Gestion de l’imprévu : il s’agit, parfois, de faire face à un animal fugueur ou inquiet en l’absence de ses maîtres.

Ces qualités sont accessibles à tous, avec ou sans passé de propriétaire d’animal, à condition de s’informer et de se former.

Pet sitting : quelles compétences recherchent les propriétaires ?

Une étude menée par IPSOS pour Wamiz (2021) révèle que 78% des propriétaires interrogés placent la "capacité à détecter un problème de comportement ou de santé" et "la connaissance des besoins spécifiques" comme les deux critères essentiels dans le choix d’un pet sitter.

Voici ce que les propriétaires recherchent avant tout :

  • Une bonne communication : savoir rassurer, donner des nouvelles claires, expliquer une situation.
  • Rigueur sur les soins : respecter les instructions (alimentation, promenades, traitements éventuels).
  • Réactivité : faire face aux imprévus (petit accident domestique, fugue, mal-être soudain).
  • Éthique et respect de l’animal : comprendre et respecter les limites d’un animal inconnu.

L’expérience de vie avec un animal facilite souvent la mise en place de ces compétences, mais des formations courtes ou une solide implication personnelle peuvent permettre d’atteindre un niveau équivalent.

Comment acquérir de l’expérience sans avoir eu d’animal ?

Il existe des parcours accessibles pour acquérir ces compétences, même sans bagage personnel. Voici quelques pistes pragmatiques pour démarrer :

  1. Bénévolat en refuge ou association :
    • En 2023, 47% des bénévoles en refuge n'avaient jamais été propriétaires d’un animal avant de s’engager (source : La SPA).
    • Cela permet d’approcher une grande diversité de caractères animaux, d’apprendre les soins quotidiens et les bons gestes auprès de professionnels.
  2. Suivre des formations accessibles :
    • Plusieurs MOOC (Massive Open Online Courses) existent, comme sur FUN MOOC ou via la plateforme Wamiz.
    • Certains organismes, comme IFSA (Institut de Formation en Soins Animaliers), proposent des modules courts.
  3. Observer et se documenter :
    • Lecture d’ouvrages dédiés au comportement animal (par exemple “Le chien, ce héros” de Nicolas Cornuel), podcasts animaliers, webinaires (comme ceux de la Société Française de Médecine du Comportement Animal).
  4. Acquérir de l’expérience auprès de proches :
    • Démarrer en tant que pet sitter occasionnel dans l’entourage (amis, voisins, collègues) pour se confronter concrètement à différentes situations.

Quels sont les freins à anticiper sans expérience personnelle ?

Être débutant sans avoir eu d’animal n’est pas rédhibitoire, mais peut impliquer certains défis :

  • Manque d’aisance face à l’imprévu : un animal peut adopter des comportements surprenants dès le départ (crainte, refus de s’alimenter, fugue).
  • Légitimité vis-à-vis des propriétaires : il faut être prêt à entendre des interrogations (“Avez-vous déjà eu un chat/un chien ?”), et savoir présenter ses autres atouts calmement.
  • Moins de “réflexes” pratiques : reconnaître un comportement d’alerte, préparer la gamelle adaptée, savoir tenir une laisse ou manipuler une caisse de transport.

Ces freins peuvent être levés grâce à une préparation sérieuse. Poser des questions précises aux propriétaires, faire valider sa checklist de tâches, ou demander un temps d’adaptation lors de la première visite aide à prendre confiance rapidement.

À quoi ressemble la réalité quotidienne d’un pet sitter débutant ?

Entrer dans un foyer sans avoir connu la vie avec un animal, c’est commencer chaque mission par une phase d’observation attentive. Les premiers jours impliquent souvent :

  • Temps d’adaptation mutuelle : établir une relation de confiance, repérer les routines alimentaires et de promenade.
  • Gestion du matériel et de l’environnement : manipulation de litières, nettoyage, rangement des accessoires.
  • Observation des signaux corporels : comprendre ce que veut “dire” un animal (postures, aboiements, griffades, etc.).
  • Interagir avec différents types d’animaux : pas seulement chiens et chats, mais aussi rongeurs, NAC (nouveaux animaux de compagnie), oiseaux – chacun ayant ses propres codes.

L’honnêteté sur son propre parcours est appréciée chez les propriétaires : présenter sa démarche comme une volonté d’apprendre, en s’appuyant sur la formation ou le bénévolat déjà réalisés, suscite généralement plus de confiance qu’une posture “d’expert autodéclaré”.

Que disent les plateformes et employeurs spécialisés ?

De plus en plus de sociétés spécialisées (Wamiz, Animaute, Holidog…) recrutent des personnes sans antécédent de possession d’animaux, à condition qu’elles démontrent leur sérieux et leur engagement. Ces plateformes proposent :

  • Des guides de bonnes pratiques à valider en ligne ou en visioconférence
  • Des quiz ou des tests de connaissance sur la sécurité, la santé animale, la gestion du stress
  • Un accompagnement dans les premiers pas, y compris via un système de parrainage

D’après les statistiques internes communiquées par Animaute en 2022, 34% des nouveaux pet sitters inscrits n’avaient jamais eu d’animal auparavant, et 84% d’entre eux ont reçu une ou plusieurs évaluations positives dès leurs premières missions.

Peut-on envisager une évolution professionnelle sans expérience de propriétaire ?

Entrer dans le métier en ayant simplement un bon sens de l’observation et de bonnes capacités relationnelles ne ferme pas la porte à une évolution vers des postes à responsabilités. Au contraire, certains métiers animaliers valorisent un regard neuf et l’ouverture à l’apprentissage continu.

Après quelques mois ou années de pratique, il est possible de se spécialiser :

  • En assistants vétérinaires (après formation diplômante)
  • En éducateurs animaliers ou comportementalistes (par la formation professionnelle ou par VAE, Validation des Acquis de l’Expérience)
  • Dans la gestion ou l’animation de refuges, l’éducation canine/féline – souvent, le contact régulier avec des animaux de profils variés ouvre la voie à ces spécialisations

Le secteur animalier, malgré son image parfois “passion”, demande aujourd’hui des compétences variées, et s’ouvre donc à de nombreux profils qui n’ont pas eu la chance d’accueillir un compagnon chez eux auparavant.

Ressources pour se préparer au métier sans expérience avec les animaux

  • MOOC et e-learning : “Savoir prendre soin de son animal” (Maisons-Alfort, vétérinaires), “Introduction à la communication animale” sur Udemy
  • Livres pratiques : “Le comportement du chien” de Joël Dehasque (éditions Ulmer), “Le chat, modes d’emploi” de Laëtitia Barlerin
  • Bénévolat : La SPA, Seconde Chance, les associations locales de protection animale

Se familiariser avec la réglementation peut aussi rassurer : le certificat de capacité animaux domestiques (CCAD) n’est pas exigé pour la garde d’animaux à titre non professionnel, mais il peut être un vrai plus en cas d’activité régulière. Se renseigner sur les conditions légales est conseillé, notamment via les sites officiels des services publics.

Le regard des professionnels sur la question

L’avis général, issu des retours de vétérinaires et éducateurs animaliers interrogés par Le Monde des Animaux ou lors de salons professionnels, est clair : la curiosité, l’humilité et la motivation sont aussi importantes que l’expérience préalable de la vie avec un animal. Ce métier accueille régulièrement des profils en reconversion, des jeunes sans héritage animalier, mais dotés d’un vrai sens de l’engagement.

En s’appuyant sur l’apprentissage terrain, un suivi rigoureux des conseils vétérinaires et des formations accessibles, il est tout à fait possible de devenir pet sitter compétent, apprécié, et d’acquérir un vrai professionnalisme, sans avoir possédé d’animal auparavant.

Apprendre à s’engager dans la durée

Enfin, commencer “sans passé animalier” peut même devenir une force : cela incite à rester attentif, à douter, à se remettre en question si besoin. Le renouvellement générationnel du secteur passe aussi par des profils autodidactes, conscients de leurs lacunes et désireux de progresser pas à pas.

Si l’envie de se rendre utile, de garantir le bien-être des animaux et de satisfaire leurs maîtres est authentique, il n’y a aucune barrière infranchissable à l’entrée dans ce métier.

En savoir plus à ce sujet :