Affûter son regard : la clé d’une garde d’animaux réussie

2 juillet 2025

Pourquoi le sens de l’observation est-il central en petsitting ?

Garder un animal, c’est s’adapter à un univers qui s’exprime sans paroles. Les animaux domestiques – chiens, chats, NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) – communiquent via des postures, des regards, des mouvements ou même des silences. Interpréter ces signes, c’est :

  • Détecter rapidement un problème de santé (abattement, boiterie, vomissements, changements d’habitudes alimentaires…)
  • Prévenir des conflits ou accidents (comportement craintif, signes de stress…)
  • Adapter la garde aux besoins spécifiques (envies de jeu, besoin de calme, demande d’attention…)

D’après une étude du CNRS (2021), plus de 60% des troubles du comportement chez le chat sont signalés en première intention par un intervenant extérieur (petsitter, voisin, famille d’accueil), pour la simple raison qu’un œil nouveau remarque souvent ce que l’habitude aurait banalisé.

Les 3 piliers de l’observation quand on garde un animal

1. Savoir établir une base de référence individuelle

Chaque animal a son tempérament et ses routines. Avant même le début de la garde, il est essentiel de questionner le propriétaire : Quels horaires pour les repas ou les sorties ? Qu’aime-t-il manger ? Quels sont ses jeux favoris ? Présente-t-il des habitudes particulières (se cacher, grogner lors du brossage, dormir dans un coin précis, etc.) ? Cette base de référence permet d’identifier ce qui serait inhabituel ou inquiétant.

  • Exemple concret : Un chien qui refuse son repas peut inquiéter. Mais pour certains, manquer un repas deux fois par semaine est habituel (cf. Wamiz).
  • Demander au propriétaire de détailler les habitudes, c’est éviter de faussement s’inquiéter – ou, a contrario, de passer à côté d’un vrai problème.

2. Apprendre à observer de façon active et non intrusive

Observer, ce n’est pas surveiller sans relâche ou perturber l’animal. Cela signifie prêter attention sans s’imposer, en respectant son espace. Un bon observateur :

  • Espace ses interventions pour laisser l’animal évoluer à son rythme
  • Note mentalement les postures inhabituelles : queue enroulée ou tombante, oreilles baissées, grognements ou gémissements chez le chien… (source : ANSES, 2023)
  • Observe l'environnement : objets déplacés, litière plus (ou moins) sale, gamelle intacte ou vide plus rapidement que d’habitude…

3. Tenir compte des signaux faibles et non-verbaux

Les signaux d’inconfort ou de stress sont souvent « faibles » : un chat qui se toilette excessivement, un cochon d’Inde qui reste immobile, un chien qui halète hors période de chaleur ou après un effort minime. L’observation fine de ces comportements subtils fait la différence entre une garde sécurisante… et un animal en souffrance discrète.

Exercer son regard : techniques et astuces pour progresser

Devenir plus observateur s’apprend chaque jour, et ne réclame ni don particulier, ni longue expérience. Voici quelques méthodes qui ont fait leurs preuves :

Tenir un carnet d’observation

  • Noter chaque jour les comportements marquants sur un petit carnet ou dans une application.
  • Relire en fin de semaine, repérer s’il y a des évolutions (plus de fatigue, appétit variable, jeu délaissé, etc.).
  • Se référer à cette « mini-base de données » pour alerter si besoin le propriétaire ou un professionnel de santé animale.

Exercices simples d’attention active

  • Lors des promenades, choisir un détail à observer (vitesse de marche, réaction à un bruit inhabituel, type de jeux spontanés)
  • 'Scanner' mentalement l’état général de l’animal (poils, yeux, posture) à heures fixes chaque jour : matin, midi, soir
  • Comparer les interactions selon les personnes présentes dans la maison (certains animaux deviennent très réservés devant des inconnus, d’autres recherchent leur compagnie)

La Croix-Rouge Française, lors de ses formations animalières (module 2022), recommande de photographier régulièrement l’animal pour comparer l’aspect du pelage, la vivacité du regard ou l’apparition de petites plaies – un bon outil pour « arrêter le temps » et progresser dans ses observations.

Éveiller son sens de l’empathie

  • S’entraîner à imaginer le ressenti de l’animal : est-il surpris, anxieux, réactif à un son ?
  • Participer à des ateliers d’éducation canine ou féline, même en tant qu’observateur, pour apprendre des professionnels à décrypter des situations (voir le site de la Fondation 30 Millions d’Amis).
  • Regarder des vidéos « avant/après » d’animaux stressés puis apaisés : repérer les différences subtiles d’attitude ou d’expression faciale.

Les erreurs classiques à éviter dans l’observation

  • Confondre agitation et joie systématique : Un chien qui saute ou qui halète n’est pas forcément heureux – il peut exprimer au contraire une grande nervosité (source : Science Direct).
  • Interpréter l’isolement comme un besoin inoffensif : Un chat qui s’isole, surtout s’il n’y est pas coutumier, signale souvent une douleur ou un stress (VetAgro Sup, 2022).
  • Se focaliser uniquement sur l’animal : L’environnement influe : bruit, température, agitation humaine peuvent expliquer de nombreux comportements d’évitement ou d’inconfort.

Quels savoirs demander lors de la “passation” avec le maître ?

Pour pouvoir observer efficacement, il est essentiel d’obtenir dès le départ :

  • Une description précise des routines et anomalies habituelles de l’animal
  • L’historique de santé : allergies, traitements, accidents récents
  • Les changements récents (déménagement, perte d’un autre animal, modifications dans l’entourage, etc.)

N’hésitez pas à demander des vidéos ou des photos de référence de l’animal dans différentes situations (jeu, repos, balade). Cela servira d’étalon pour votre propre observation.

Quand s’inquiéter ? Quelques indicateurs fiables

Voici une synthèse de comportements ou signes qui doivent alerter, quel que soit l’animal :

Signe observé Hypothèses principales Action du pet sitter
Refus prolongé de s’alimenter (>24h chien/chat, >12h NAC) Maladie, douleur dentaire, stress Contact propriétaire, possible vétérinaire
Léchage ou grattage intensif Allergie, parasite, ennui, anxiété Inspecter la peau, signaler
Boiterie soudaine, perte d’équilibre Traumatisme, piqûre, arthrose Repos, surveillance, vétérinaire selon gravité
Modification brutale du comportement Choc, peur, souffrance, malaise neurologique Noter, si persistant : alerter

L’observation, une compétence qui s’entretient

Le sens de l’observation évolue avec la pratique. De nombreux pet sitters notent qu’après quelques gardes, ils identifient plus vite les signaux faibles ou les évolutions comportementales. Des sources récentes (Woopets, IFOP) indiquent que la majorité des propriétaires considèrent “l’attention portée à l’animal” comme critère n°1 de confiance pour un pet sitter – devant les diplômes ou tarifs. Consacrer du temps à affûter vos perceptions, c’est investir dans la qualité de votre relation… et dans la sécurité de l’animal dont vous avez la charge.

Vers une vigilance éthique et bienveillante

Développer son sens de l’observation n’a rien d’un réflexe méfiant : il s’agit non seulement d’assurer le bien-être de l’animal, mais aussi de nourrir une vraie relation de confiance avec le propriétaire. À chaque nouvelle garde, n’oubliez jamais que vous êtes le premier garant du confort et de la sécurité de l’animal. En continuant à vous former – via l’échange avec des vétérinaires, la lecture spécialisée (CNFPro), ou simplement l’analyse de vos propres expériences – vous gagnerez en sérénité… et deviendrez un partenaire apprécié aussi bien des animaux que de leurs maîtres.

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