Actualiser ses certifications : un enjeu sous-estimé dans la garde d’animaux

14 octobre 2025

Pourquoi s’interroger sur ses certifications quand on garde des animaux ?

Dans les métiers du care, dont la garde d’animaux, les pratiques évoluent, la réglementation aussi, et les attentes des clients ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans. Pourtant, une question reste souvent en suspens : faut-il vraiment renouveler ou mettre à jour ses certifications de pet sitter, ou celles liées au bien-être animal ? Prendre le temps de s’y pencher n’est pas anodin : c’est une démarche qui participe à la crédibilité et à l’amélioration de la qualité des prestations, tout en répondant à un impératif légal dans certains cas précis.

Le cadre réglementaire : ce que dit la loi sur les certifications en pet sitting

En France, le pet sitting en lui-même n’est pas une profession réglementée au même titre que celle d’auxiliaire vétérinaire ou d’éducateur canin, qui nécessitent des diplômes officiels. Cependant, la loi impose, pour toute personne exerçant à titre professionnel une activité en lien avec les animaux de compagnie, la détention d’une Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques (ACACED). Délivrée par le Ministère de l’Agriculture (source : Légifrance), cette attestation doit être obtenue à l’issue d’une formation agréée.

  • L’ACACED est valable 10 ans.
  • Son renouvellement consiste en une remise à niveau de 7 heures (règlementation du 4 février 2016).
  • Le non-renouvellement, après 10 ans, expose à des sanctions pénales et à l’interdiction d’exercer.

Pour les détenteurs plus anciens de la CCAD (Certificat de Capacité), ce dernier reste valable à vie pour ceux l’ayant obtenu avant le 1er janvier 2016. Mais la majorité des professionnels en activité aujourd’hui ont ou auront besoin sans exception de renouveler leur ACACED au fil de la carrière.

L’évolution des obligations réglementaires

Depuis 2022, la loi française a renforcé les conditions d’exercice du pet sitting professionnel pour lutter contre le trafic, les abandons et la maltraitance animale : la traçabilité des pensions et des intervenants à domicile s’est accrue. Le contrôle des certifications fait partie des moyens utilisés (source : Ministère de l'Agriculture). De plus, de nouvelles obligations peuvent survenir à l’avenir, notamment sur les thèmes de la bientraitance ou de la gestion sanitaire (épisodes de zoonoses, réglementations sur les nouvelles espèces, etc.).

Pourquoi mettre à jour ses compétences même au-delà des obligations légales ?

Au-delà de la législation, renouveler ou actualiser ses connaissances et ses certifications, c’est aussi se donner les moyens de progresser dans la relation professionnelle, de rassurer les maîtres et de s’adapter à l’évolution rapide du secteur. Le métier de pet sitter ne se limite pas à surveiller un animal chez soi ou au domicile des clients.

  • Les propriétaires d’animaux sont de plus en plus sensibles (et informés) aux compétences spécifiques : premiers secours animaliers, gestion du stress des animaux, identification des symptômes d’urgence, etc.
  • Les animaux accueillis aujourd’hui présentent des profils variés : animaux âgés, sous traitement, à besoins particuliers ou parfois présentant des troubles du comportement... Ces situations nécessitent des connaissances actualisées.
  • Les outils numériques (carnets de liaison en ligne, prises de RDV, suivi vétérinaire digitalisé, etc.) apparaissent comme des standards pour une clientèle exigeante.

Par exemple, un pet sitter régulièrement formé saura anticiper une intoxication alimentaire, adapter la prise en charge en cas de canicule ou d’épidémie de maladies animales, ou informer de façon rigoureuse les maîtres lors d’un incident.

Les bénéfices d’un renouvellement régulier : valoriser son parcours et sa pratique

Actualiser ses certifications ou ses savoirs, c’est aussi :

  • Se différencier sur un marché où la concurrence est forte (près de 7 000 professionnels recensés en France en 2022 selon l’INSEE).
  • Inspirer confiance à une clientèle avertie, qui compare les offres et consulte souvent les avis et références en ligne (étude YouGov, 2021 : 62 % des propriétaires d’animaux consultent les certifications avant de confier leur animal).
  • Pouvoir augmenter sensiblement ses tarifs, en justifiant d’une spécialisation ou de compétences avancées (ex : formation premiers secours animaliers, éducation canine positive, gestion de la nutrition spécifique...)
  • Anticiper les risques juridiques et renforcer sa couverture auprès des assurances professionnelles, nombre d’assureurs demandant un justificatif de formation ou de renouvellement récent pour accorder certaines garanties (source : Fédération Française de l’Assurance).

À l’inverse, négliger ce renouvellement peut entraîner une dévalorisation de son activité, voire des contentieux avec la clientèle ou les autorités en cas d’incident. Le coût d’un renouvellement (généralement entre 90 et 150 euros pour l’ACACED, source : organismes agréés) est marginal au regard de la sécurité juridique et de l’image professionnelle.

Quelles formations ou certifications mettre à jour, et à quelle fréquence ?

La question de la fréquence dépend des obligations légales, mais aussi des évolutions du métier et de ses pratiques :

  • ACACED : renouvellement obligatoire tous les 10 ans (remise à niveau de 7 heures).
  • Premiers secours animaliers : recommandé tous les 2 à 3 ans ; les gestes de sécurité et les recommandations vétérinaires évoluent (source : Croix Rouge Animale).
  • Connaissances en comportement animal : régulièrement mises à jour, au moins tous les 3 à 5 ans pour rester en phase avec les nouvelles méthodes d’éducation (ex : méthodes positives, gestion du stress post-pandémie COVID, identification de la douleur...).
  • Hygiène, biosécurité et réglementation sanitaire : une mise à jour dès qu’une épidémie, une réglementation ou une alerte en santé animale survient (cf. grippes aviaires, leishmaniose, etc.). Les instances vétérinaires et sanitaires publient fréquemment des notes de veille à cet égard.

Certaines certifications spécialisées (gestion de la faune sauvage, accueil d’animaux exotiques, etc.) obéissent à des règles distinctes, souvent plus strictes ou requérant une actualisation annuelle.

Comment s’organiser pour ne rien oublier ?

Trois pistes s’offrent à vous :

  1. Tenir un carnet de formation ou un tableau de bord numérique répertoriant vos diplômes, renouvellements attendus, formations suivies et prochaines échéances.
  2. S’abonner aux newsletters des ordres vétérinaires, organismes de formation agréés et fédérations professionnelles, pour recevoir les alertes réglementaires.
  3. Participer à des groupes de pairs ou réseaux professionnels (ex : la Fédération Française des Pet Sitters, forums spécialisés), où l’information circule vite sur les évolutions sectorielles.

Les attentes des clients : une évolution rapide et marquée

Les propriétaires d’animaux ont changé d’approche : ils comparent, vérifient, questionnent. Selon une enquête Ipsos publiée en 2023, plus de 7 familles sur 10 demandent à voir un justificatif de formation avant de confier leur animal à un pet sitter pour des séjours prolongés, et 81 % souhaitent savoir si la personne suit des formations continues.

Certains sites de mise en relation exigent désormais la présentation d’une attestation à jour pour publier une annonce de services. Les assureurs également la réclament dans les situations de litige ou de sinistre.

Attendre le “dernier moment” pour renouveler ses certificats peut rapidement mettre dans une situation inconfortable face à une clientèle qui demande des réponses précises et immédiates, ou face à une administration lors d’un contrôle ponctuel.

  • En 2022, 14 % des refus ou annulations de contrats d’assurance responsabilité civile professionnelle dans le secteur animalier étaient liés à l’absence ou à la non-validité d'une certification (source : Fédération Française de l’Assurance).
  • Un tiers des maîtres ayant changé de pet sitter au cours des deux dernières années évoquent, parmi les raisons, “la non-mise à jour des compétences” (étude YouGov 2021, panel grand public).

Vers un métier en mutation : diversité des certifications et reconnaissance accrue

Il existe aujourd’hui une diversité croissante de certifications, parfois non obligatoires mais néanmoins valorisantes :

  • Certificats en premiers secours et soins animaliers, validés par les associations vétérinaires ou Croix Rouge Animale.
  • Sensibilisation à la gestion du stress ou à l’éducation positive, souvent proposée par des écoles spécialisées ou des professionnels reconnus.
  • Formations à l’accueil d’animaux exotiques ou à la gestion de pension multi-espèces.

Côté international, certains pays (États-Unis, Canada, Royaume-Uni) prévoient déjà des recertifications périodiques dans le pet sitting, et valorisent grandement la formation continue. Les échanges franco-européens dans le secteur animalier pourraient accélérer l’émergence de normes plus strictes, notamment dans le contexte de la protection animale.

Quels sont les freins au renouvellement et comment les lever ?

  • Coût : Les formations restent abordables et peuvent passer en dépense professionnelle. Certaines peuvent être prises en charge via des dispositifs de formation continue (CPF, OPCO, FIFPL pour les indépendants).
  • Temps : Les formations courtes, à distance ou en présentiel, sont compatibles avec des plannings chargés. Le renouvellement de l’ACACED via la journée de 7h peut être calé lors des périodes creuses.
  • Manque d’information : La plupart des organismes de formation agréés publient (et relaient) des alertes sur la nécessité de renouveler, et contactent les professionnels plusieurs mois avant échéance.

Investir une journée tous les quelques années, c’est donc protéger sa pratique – et celle du secteur dans son ensemble.

Pour aller au-delà : cultiver une culture professionnelle engagée

Le renouvellement ou la mise à jour de ses certifications est avant tout un choix de responsabilité – vis-à-vis des animaux, des maîtres et de l’image du métier lui-même. C’est aussi une opportunité personnelle pour grandir, s’ouvrir à de nouvelles méthodes ou à des partenariats. Les maîtres attentifs, les autorités, les assureurs et le secteur dans son ensemble sont de plus en plus exigeants, ce qui appelle à une professionnalisation accrue.

Anticiper, rester curieux, s’informer : voilà le trio qui permet au professionnel du pet sitting de rester au plus près des attentes et de bâtir une réputation solide, sur la durée.

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